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8 mars 2012 4 08 /03 /mars /2012 05:57

 saletemps-16.jpeg

Résumé : Une délégation d'élus de l'opposition a voulu qu'un communiqué vengeur soit publié, mais Balthazar a finassé. Les élus ne sont pas contents. Comme d'habitude. "L'ennemi me redoute, je ne dois pas le décevoir" se dit Balthazar qui puise cette belle idée chez René Char.

 

 

 

 


Le soir au café des Arts Balthazar raconta cette savoureuse entrevue à Karantec.  Il expliqua que les dix-huit pages du communiqué étaient devenues , par l’effet de sa baguette magique, une minuscule brève titrée « « l’opposition s’oppose : le groupe d’opposition municipale fait savoir qu’il ne partage pas la politique du maire. Qu’il réclame l’installation de caméras de vidéo dans le quartier résidentiel, revendique la suppression de la subvention au théâtre,  sollicite une aide plus importante au club de tir et à la société de chasse. Et regrette la mort violente de deux hommes,  ‘’fussent-ils des marginaux’’ (sic) »

_ J’ai remarqué au revers du veston d’ Hichlag un curieux pin’s, dit Balthazar.

 

vieux-pont.jpg

                         Il fait quand même très froid pour une si petite ville.


_ Celui du Rotary ? Du Lions ? De la Table Ronde ? Des Kiwanis ? Des 41 ? D’une loge maçonnique ?

_ Non, je te dis un truc bizarre. Trois losanges rouges réunis par la pointe.

_ Ah oui, maintenant que tu le dis, je l’ai remarqué au revers du veston d’Aimery de Prime d’Antignoil  quand il est venu se faire faire une couronne en or avec incrustation de platine. Je lui ai fait le prix fort. Il m’a dit que c’était l’insigne d’un nouveau club service, le  « Signal », ou « Bouvial », ou « Belial », un truc comme ça. J’ai pas bien compris il avait la bouche en sang.

_ Ça je m’en doute

_ Pauvre con ! Attends de venir tâter de ma roulette.

_ En attendant fais rouler les dés du tric-trac.

La soirée s’allongeait, d’un grog à l’autre. Dehors il recommençait à neiger. Soudain la porte s’ouvrit sur une bourrasque de  flocons. C’était Josiane Birdat, la quincaillère, rouge, hors d’haleine qui glapissait

_ C’est affreux ! affreux ! affreux !

A SUIVRE ...

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7 mars 2012 3 07 /03 /mars /2012 05:38

 saletemps15

Résumé : deux clochards ont trouvé une mort affreuse dans Thouars recouverte de neige. Ces crimes sont instrumentalisés par l'opposition municipale menée par un certain Jean-Charles-Henry Hichlag. La police n'a aucune piste. Balthazar picole mais cela ce n'est pas très nouveau.

 

 

 


Accompagné de Jérôme Machecouille patron d’Hyper-bouffe et d’Angéle Matrille femme de marchand de porcs en gros, Jean-Charles- Henry Hichlag, notaire, conseiller municipal de l’opposition poussa la porte de la rédaction du « Courrier de la République ».

_ Bonjour monsieur Forcalquier, au nom de l’opposition nous voulons que  notre communiqué soit publié dans vos colonnes, en entier, sans qu’il manque une virgule. J’ai déjeuné avec votre chef, il est d’accord.

Cette affaire commençait mal. Mais heureusement il n’y avait qu’une seule chaise disponible dans la rédaction. Les autres étaient encombrées de bouteilles vides. Balthazar l’offrit à la volumineuse Angèle Matrille qui fit grincer le bois en s’asseyant. Les autres restèrent debout, bien obligés ! (ça leur rabaissera leur caquet songea Balthazar) qui déplia dix-huit feuillets écrits en petite patte de mouche. Il prit son temps  pour tout lire, lentement, très lentement. Ce qui lui prit un bon moment. Le silence s’éternisait. On n’entendait que les soupirs impatients de Jérôme Mâchecouille, le claquement des semelles en cuir  de  Charles-Henry quand il changeait de pied, et les grincements plaintifs de la chaise. Enfin  Balthazar posa la liasse.

_ Impossible de publier cela.

_ Et pourquoi  je vous prie ?

_ Pour au moins deux raisons. Il faudrait deux pages entières du journal et, de plus , certains propos sont diffamatoires. Vous seriez poursuivis comme auteur et nous comme support.

_ Votre chef est d’accord.

_ Vous lui avez lu votre prose ?

_ Heu... Je lui ai donné l’esprit.

_ Ah oui, l’esprit... Je vais en tirer l’esprit justement, rassurez-vous, je vais en faire un extrait de condensé. Et  je ne mentionnerais pas les adjectifs de « vendu », de «  grosse limace », de « couille-molle », entre autres, dont vous usez pour qualifier le maire. Excusez moi mais « couille-molle », dans la bouche d’un honorable notaire comme vous  monsieur Hichlag, c’est surprenant.

_ Heu... Ce passage est de la plume de madame Matrille.

Laquelle gueula

_ Parfaitement le maire est une couille-molle !

 

  DSCF0314

       Dans la rue, comme dans la tête de Balthazar : du froid et du brouillard.


La délégation quitta la rédaction. En fermant la porte Balthazar entendit Hichlag dire à ses amis.

_ Avec ce gauchiste, il fallait s’y attendre. Qu’il attende un peu quand nous serons aux manettes, il trouvera le vin amer.

A SUIVRE ...

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6 mars 2012 2 06 /03 /mars /2012 05:33
 

 

saletemps14

 

Résumé : Les négociations reprennent entre la direction et les résuméistes. OK pour la prime de chaussures. Mais impossible d'accorder l'augmentation, en revanche une prime c'est envisageable. Une prime de combien ? 300  par an?

1.000 ! Impossible, 400 maxi! 800! 532! 670! 580 ! OK 580. Le boulot reprend demain.

La direction s'excuse auprès des lecteurs pour cette grève. Les résuméistes ne s'excusent pas : on ne demande pas pardon pour une grève, c'est grâce aux grèves que l'on a obtenu les congés payés, la limitation du temps de travail, la prime de chaussures,etc, etc!

 

 

 

 

 

 

Il y avait de quoi ressentir, en effet,  un  grand frisson. Dans la rue Isambert, une pauvre rue misérable entre deux rues tout aussi pouilleuses, les gyrophares tournaient hardiment. Le substitut du proc aperçut Balthazar.

_ Que faites vous là ?

_ Comme vous, mon métier. 

_ Un sale métier.

_ Oui, mais je le fais salement.

_ Gorges Darien dans ‘’ le Voleur’’ ! gueula de loin « Moustache » qui était, lui aussi très cultivé comme la plupart des gens de cette ville.

Comme Balthazar était là, le substitut ne pouvait plus l’empêcher de s’approcher. Il vit un homme atrocement brisé, couché sur le côté. La colonne vertébrale avait été cassée en deux, le bassin avait été remonté vers la poitrine, les fémurs brisés  dépassaient des genoux et les jambes étaient repliés. « c’est comme s’il formait la lettre N » pensa Balthazar qui  envisageait la manière dont il décrirait la scène à ses lecteurs dans l’édition du lendemain.

_ Tu sais la meilleure lui souffla Legrandu en passant à côté de lui ?

_ Il n’a pas ses yeux ?

_ Si mais c’est la langue qui manque cette fois-ci ! On la cherche.

_ Ici inspecteur, ici ! Un flic appelait Legrandu,la langue, elle est dans sa poche, dans la poche du cadavre.

La dépouille pauvrement vêtue était barbouillée de sang.

 

langue.jpg


_ On lui a arraché la langue de son vivant... C’est vraiment dégueulasse... marmonnait Legrandu qui tentait d’essuyer le visage du malheureux martyrisé. OOOOOOh merde !

Sous le mouchoir apparaissait Clotaire un flamboyant clodo de Thouars.

_ Sale temps pour les clodos lâcha Balthazar.

A SUIVRE ...

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5 mars 2012 1 05 /03 /mars /2012 05:09

Résumé : Y dedans moartea di gars qu'est tramp. Dur. Mais quand même Ceausescu dans l'mairie. Hou là-là, grand malheur y Mouloud dedans.

Bon, bon on arrête là les résuméistes roumains, voilà votre salaire, et bună comme on dit chez vous. Bon, les gars on reprend les négociations? La prime de chaussures c'est oui, mais l'augmentation pas possible...

 

 

 

 

saletemps13

 

 

 

Encore une fois l’édition qui rendait compte de cette séance se vendit bien. Le directeur départemental du journal était ravi, la courbe de ses ventes montait, montait. Il invita même à bouffer le chef de l’opposition Jean-Charles- Henry Hichlag, pour faire un papier sur «  la vie ingrate d’un opposant dans une ville moyenne ». On ne vit jamais le papier. Le directeur ne laissait jamais sa place à table, mais il était plus rarement – et même jamais –  devant sa machine à écrire. Ce qui ne l’empêchait pas de donner des leçons de journalisme à tous vents.

_Ah mon salaud ! Tu en fais tes choux gras de toutes ses histoires ! dit Karantec à Balthazar au café des arts.

Il neigeait encore.

_ Je rends compte. Toi quand tu arraches une dent, tu fais mal. Moi c’est pareil. Sauf qu’avec moi  la dent pourrie repousse. On  reprend une tournée avant de nous quitter bons amis ? Sophie Deux Duhomard !

Les verres étaient à peine remplis que le téléphone sonna sur le zinc.

_ C’est pour toi, Balthazar, c’est Legrandu

Balthazar prit le combiné de la main gauche, vu qu’il avait son verre dans l’autre pogne ( c’est précis comme histoire, faut avouer).

_ Viens, ça recommence, rue Isambert. C’est encore pas beau à voir !

 

Diapositive2


Dehors la neige, et dedans un grand froid.

_ Comment ça recommence ?

_ Un autre clodo. Viens je te dis. Je raccroche voilà le substitut du proc qui arrive. Il n’aime pas la presse, et toi encore moins. Naturellement quand tu arriveras, ce sera par hasard. Tu n’es au courant de rien.

Sur place Balthazar croisa « Moustache » son pote pompier.

_ Putain Balt, c’est pas beau à voir !

_ Arrête tu vas me foutre les chocottes.

_ Y a de quoi.

A SUIVRE...

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2 mars 2012 5 02 /03 /mars /2012 05:52

 saletemps12.jpg

Résumé : Les résuméistes roumains ont été embauchés pour briser la grève, enfin on va pouvoir commencer les résumés, on en est quand même au douzième épisode!

 

Y dedans moartea di gars qu'est tramp. Dur. Mais quand même Ceausescu dans l'mairie...

 .

 

 

 


L’on ricana alors cruellement sur les bancs de l’opposition.

La femme du  marchand de porcs,  la grosse Angèle Matrille, prit la parole

-Une ville paisible ? Une ville paisible ? Hier encore ma Jeep Cherokee a été la cible de vandales ! Ils ont déféqué... Oui, monsieur le maire... Ils ont déféqué sur le capot ! 

Jérôme Machecouille , le patron d’Hyper- bouffe ajouta sa dose de venin :

_ Angèle a raison. Cette ville est un repère de malfaisants. Les vols se multiplient dans mes rayons. J’envisage même d’interdire l’entrée de mon magasin aux manouches. 

_ Pourtant vous ne manquez pas de caméra dans votre bouclar, elles sont même pointées sur les caissières ! gueula dans le fond de la salle Mouloud, le délégué CGT qui ne manquait aucune séance de conseil municipal. Réaction intempestive qui obligea le maire à user de sa cloche à contre cœur :

_ Je rappelle que le public n’a pas à intervenir.

_ Oui mais il y a des limites à la connerie. Bougonna Mouloud

_ Je n’ai pas de leçon à recevoir d’un tueur de femme ! répliqua Mâchecouille ( voir Mouloud est dans de beaux draps).

_ J’ai été blanchi ! Gueula Mouloud

_ Blanchi... A moitié... Vous êtes trop bronzé ! Ricanna Mâchecouille faisait rire grassement ses voisins.

 

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Il fallut les séparer, et personne n’eut ensuite le cœur de partager la galette des rois qui aurait dû, c’était le vœu du maire « réunir tout le monde dans la paix et la convivialité, ces qualités chères à notre bonne ville ».

_ De toute façon le roi c’est Mâchecouille, le roi des cons. Maugréa Mouloud en poussant la porte du café des Arts suivi par Balthazar. Par bonheur il n’était pas trop tard pour s’en jeter un p’tit avant d’aller faire dodo.

 

  A SUIVRE LUNDI

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1 mars 2012 4 01 /03 /mars /2012 06:30

 

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Résumé : puisque la grève continue, pour briser le mouvement, le patron va faire venir des résuméistes roumains.

 

 

 

 


Au conseil municipal tout le monde s’emmerdait ferme quand Jean-Charles- Henry Hichlag, ténor de l’opposition municipale, demanda la parole :

_ Monsieur le maire, voici plusieurs années que vous vous opposez à l’une de nos revendications essentielles : la pose de caméras de surveillance. Toute la cité s’est émue du meurtre de monsieur Clovis dont la probité était légendaire.

« il donne du Môssieur à un type qu’il aurait traité de clodo la semaine précédente à la sortie de la messe », pensa Balthazar,  «  l’affaire est donc d’importance ». Or la police piétine, elle n’a aucune piste. Si vous aviez consenti  à placer des caméras comme nous le demandons depuis trois ans, peut-être les bandes vidéos auraient fourni quelques orientations précieuses à l’enquête. Mais non, vous vous êtes obstiné dans l’erreur. Et vous voilà désormais complice du diable. Oui ! Monsieur le maire ! Comment expliquer une telle sauvagerie ? Si ce n’est par l’effet d’une œuvre diabolique ! Nous attendons de vous, monsieur le maire ! Plus encore c’est l’ensemble des administrés qui attendent, aujourd’hui vos explications, monsieur le maire !

Le bon maire, un peu con, était devenu  rouge vif, non pas de colère, mais la violence de l’attaque l’avait désarmé. Il se trouvait  pris comme un élève en faute. Et il ne fallait pas compter sur ses adjoints pour venir à son secours.

Maurice Gros bafouilla :

_ Heu... Heu... nous déplorons tous la mort de ce pauvre Clovis. Je l’aimais beaucoup ce brave Clovis. Sa disparition si brutale est le fait d’un acte isolé. Notre ville est paisible. Clovis aura rencontré un étranger qui, effrayé lui-même de son acte, aura pris la première route venue. Une caméra n’aurait pas sauvé notre ami. 

A SUIVRE ...

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29 février 2012 3 29 /02 /février /2012 06:29

 

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Résumé : le patron propose une bouteille de blanc par semaine et par résuméiste. Offre rejetée la grève continue. 

 

 

 

 

21 h, conseil municipal. Voilà ce que l’agenda du journaliste mentionnait , juste après la galette des porteurs de journaux à 20 h.

A  21 h 15 Balthazar, qui n’avait pas mangé beaucoup de galette (de peur d’être le roi) mais qui avait beaucoup bu de blanc pétillant arriva en titubant (un peu) dans la grande salle de la mairie. Le  maire, Maurice Gros (déjà croisé à l’épisode 6), était un brave type. Radical-socialiste, de gauche molle certainement, et de tous les banquets encore plus sûrement. Pas méchant pour un sou, autant dire un piètre politique. Il menait les affaires en bon père de famille. Bien sûr il était franc maçon, mais de ces maçons sans ambition, fraternel par nature plus que par intérêt, ce qui, paraît-il existe toujours. Bref un bon zig sans imagination.

 

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Il avait face à lui, l’un de ces faucons de la droite dure. Notaire, arrogant, talentueux : Jean-Charles- Henry Hichlag, ténor de l’opposition municipale régnant sans partage sur 9 élus, parmi lesquels siégeaient notamment Jérôme Mâchecouille patron du super-hyper-méga-market « Hyper Bouffe », Me Aimery de Prime d’Antignoil  l’avocat des riches, et même Henri Mistrat l’aubergiste du « Moulin bleu ». Ajoutez à cela  quelques bourgeoises d’une bêtise exemplaire, en particulier Madame Matrille femme d'un négociant en porcs, et deux ou trois artisans qui voulait péter plus haut que leur cul. Bref que du beau linge !

La séance s’étira mollement  jusqu’à 23 h 18. Balthazar piquait du nez sur sa cravate (qu’il avait toujours noire) sous son pull vert, quand Jean-Charles- Henry Hichlag planta sa première banderille.

A SUIVRE ...

 

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28 février 2012 2 28 /02 /février /2012 11:43

 

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Résumé : Toujours la grève. L'avocat des grévistes, un certain Lucas, leur a conseillé d'ajouter une revendication : l'application du barème du Scrabble, avec prise en compte des mots "compte double". "Et puis quoi encore" a répondu le patron,  "pourquoi pas la disparition de la lettre W pendant qu'on y est !"

 

 

 

 

  

 

 

Le lendemain, jour de marché, le « Courrier de la République » se vendit très bien. On frôla même la rupture de stock. Le directeur départemental, un petit gros à cheveux gras, qui avait toujours un œil sur la courbe des ventes se frotta les mains. Et appela même Ludivine pour la féliciter de ses photos.  Elle en fut flattée. Balthazar tempéra son début d’enthousiasme.

_ Ce directeur est un con. La viande froide fait vendre, ce n’est pas nouveau. Et s’il pouvait passer ta photo à poil à la une, il n’hésiterait pas...Si ça peut faire vendre.

_ Ooooooh ! Soupira Ludivine choquée. Le soir même s’achevait son remplacement, elle avait hâte de partir.

 

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Balthazar avait écrit le papier. Il racontait quel homme innocent et doux  était la victime. Il donnait les détails atroces : la position du corps, les yeux enlevés, le coup au cœur. C’était certainement trop, et Karentec, ce soir le lui reprocherait. Mais,  pour lui, c’était de l’information pure. « Et l’info est toujours brutale » avait-il l’habitude de dire.

S’adressant à Ludivine il commenta sa vision du métier

_  Je ne suis pas un censeur. Je ne choisis pas. La vie est une bête hérissée d’épines et sa mâchoire est garnie de crocs. Je ne suis pas le moraliste des uns ou le professeur des autres. Je livre des plats de lentilles pleins de cailloux. C’est à prendre ou à laisser... Bof, de toute façon nous faisons un bien curieux travail, un peu sale, alors je le fais un peu salement. »

_ Georges Darien ! clama Martine la secrétaire très cultivée, qui donnait le nom de l’auteur du « voleur » un roman anarchiste. C’est Georges Darien qui faisait dire à son personnage «  je fais un sale boulot, mais je le fais salement ».

Admiratif, Balthazar trinqua à la santé de Martine qui avait gagné le super-banco la semaine précédente quand France Inter avait fait halte dans la salle des fêtes. Puis il appela Legrandu

_ Alors as-tu retrouvé les yeux de Clovis ?

_ Tu ne devineras jamais où ils étaient !

_ Chiche ! Chez lui, sur sa table de nuit, derrière ses lunettes ?

_ Non ! Ils étaient dans sa bouche.

Comme il avait laissé le haut-parleur du téléphone branché, Ludivine se leva précipitamment pour aller vomir dans les toilettes. Certainement un reste de hamburger, pensa Balthazar

A SUIVRE...

 

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27 février 2012 1 27 /02 /février /2012 07:42

 

 

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Résumé : la grève des résuméistes se poursuit. Un grand calicot a été accroché sur la façade des éditions Sapristi : "nous ne sommes pas des esclaves! Patron démission".

 

 

 

 

 Legrandu et Balthazar reconnurent tout de suite le visage sans yeux du macchabé.

_ Meeeeeerde ! C’est Clovis !

Clovis  était le flamboyant clochard de Thouars. Pas un SDF, un clodo, un vrai, libertaire, présent à toutes les manifs, bourré à 6 h du matin et toujours recuit à 20 h. Toujours entre deux vins (ceux de la communauté européenne car il n’avait pas les moyens de s’offrir du Nicolas Reau) même s’il n’en manquait jamais vu qu’il faisait les vendanges chez ce sublime vigneron, et qu’il avait verre ouvert le vendredi  matin dans les chais de « Pompois ». Il refusait de travailler depuis que son patron l’avait arnaqué, il y avait 30 ans de cela. Clovis avait fait des heures sup’. Il réclama son dû. Son patron lui rigola au nez. Clovis  décida alors que cette vie de labeur et d’esclave était achevée. Il s’installa dans une masure en bordure de la prairie des Ursulines et vécut là sa vie calme et paresseuse. Pauvre comme Job, heureux comme un pape. Tout le monde l’aimait bien. Il était d’une honnêteté scrupuleuse. Un jour, en fouillant une poubelle, il trouva  1.000 F dans une boite à chaussures. Comme c’était la poubelle de Josiane Bridat, il rendit à la commerçante sa caisse jetée par inadvertance. Josiane fut ravie, et pour remercier  le clochard, elle lui offrit 200 F. Pendant une semaine plus personne ne vit notre bon Clovis. Même la police s’en  émut. Aurait-il été occis par un chemineau de passage ? Un flic le retrouva finalement à l’auberge du moulin bleu où il passait la semaine sans quitter son lit ni éteindre la télé. Il dépensa ainsi sa récompense jusqu’au dernier centime. Henri Mistrat l’hôtelier vint alors le trouver, un peu navré : « ça y est t’as bouffé ton crédit mon bon Clovis ». « Tant mieux » répliqua son hôte «  la télé j’en ai soupé, c’est d’un con ! »

Pauvre vieux bonhomme, la télé, il n’avait plus ses yeux pour la voir, et en plus il était mort.

_ Il a été tué d’un coup de lame dans le cœur. Constata encore  le flic en montrant la plaie à Balthazar.

_ Mais ce type était la douceur même. Qui pouvait bien lui en vouloir ?

_ Avec toute cette neige qui est tombée, les traces ont été effacées. Mais ce qui est sûr c’est qu’il a été tué là, regarde-moi tout ce sang gelé sous le corps.

 

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Ce n'est pas cette rue que Balthazar avait emprunté, il avait préférer prendre la rue de l'abreuvoir pour se rendre sur les lieux du drame.


Alors que le service municipal des pompes funèbres emportait le corps, et que Ludivine avait rejoint la voiture en titubant, Legrandu  leva ses yeux tristes sur Balthazar :

_ Elle est mignonne ta remplaçante.

Tu n’as pas de nouvelles de Mathilde ? (Mathilde la femme de l’ancien commissaire, voir Panique à la maison Poulaga)

_ Je n’en ai jamais eu... Il resta longtemps silencieux et ajouta. Bon, tu en sais autant que moi pour l’instant.

 

A SUIVRE...

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24 février 2012 5 24 /02 /février /2012 05:18

 saletemps 7

 

 

 


Résumé : P'tit-Louis, porte parole des auteurs de résumé en grève, explique que la profession veut, désormais, travailler 30 h par semaine, une prime de panier, une prime de chaussures ( Pourquoi ? "parce qu'on doit aller chercher les textes sur le bureau de l'auteur"), et une augmentation unilatérale de 300 €. C'est non négociable!

 

Ludivine avait sorti son appareil photo, très professionnelle

Balthazar était stupéfait «  elle a des couilles la gonzesse ! » d’un geste il l’arrêta et souffla «  ne fais pas de photo du cadavre, ce n’est pas notre boulot ! Tu feras d’autres clichés, les lieux, les flics... ». La fille alors pétrifiée se mit à vomir. Voir un macchabé dans l’œilleton de son appareil est supportable, mais plus du tout  quand on met  ses mains dans les poches. 

Legrandu se retourna et accueillit Balthazar

_ Etrange non ? Quelle curieuse position. Et regarde  dit-il en pointant le doigt sur le  visage ...Ses deux yeux ont été retirés.  Ils ont été crevés de son vivant, il a du sang figé sur les joues.

Ludivine vomissait de la bille désormais, elle mangeait si peu.

 

paysage neige


La victime, à l’évidence était un type sans fortune. Et même sans le minimum vital. Ses chaussures éculées pointaient vers l’avant, sa semelle droite était ficelée grossièrement autour de la godasse. La neige avait recouvert ses vêtements et le côté de sa tête. Quand Legrandu secoua les nippes,  un très vieux pantalon de velours apparut et un très vieux manteau pied de poule. Le goulot d’une bouteille sortait de la poche.

_  Un clodo...  dit Leglandu à haute voix. Il secoua alors doucement la tête aveugle.

_  Meeeeeerde alors !!!!!!   Legrandu et Balthazar avait eu le même cri

A SUIVRE LUNDI

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