"Alors que Fernand Pelloutier , l'organisateur des bourses du travail , oeuvrait dans le syndicalisme anarchiste, d'autres optèrent pour une voie individuelle, plus insensée et plus tragique.
"Clément Duval, ouvrit ce chemin. Le 5 octobre 1886, une bande investit la maison d'un peintre réputé à l'époque et aujourd'hui inconnu (Madeleine Lemaire) spécialiste des fleurs... Les visiteurs emportèrent bijoux et argenterie, brisèrent le reste, et allumèrent un incendie vite maîtrisé. Clément Duval qui mena cette équipée fut rapidement interpellé. Il revendiqua la qualité d'anarchiste et son appartenance au groupe de "la panthère des Batignolles". A son procès il reconnut les faits et précisa que la propriété individuelle n'ayant aucune source légitime il était logique de s'approprier le bien d'autrui pour la cause. Il est vrai que le butin avait servi à aider un ami en prison. Son avocat plaida ainsi : " Duval n'est pas un malfaiteur, mais un homme qui met sa vie au service de ses idées".
Intraitable, Duval menaça les magistrats et le jury de la dynamite.
"Certes Proudhon avait bien écrit cette fameuse phrase "la propriété c'est le vol" mais c'était la première fois que la formule devenait, en quelque, sorte réalité ! Les socialistes étaient effrayés. Mais d'autres se disaient que, somme toute, ce qu'avait fait Duval n'était pas si illégitime, puisqu'en face, les bons bourgeois s'engraissaient. Comme le gendre même du président de la République qui vendait des légions d'honneur (énorme scandale de l'époque). Pourtant Duval fut condamné à mort alors qu'il n'avait pris la vie de personne ! Sa peine fut "adoucie", il partit pour le bagne duquel il s'évada.
Cette affaire fut longuement commentée, la cause était-elle compromise ou relancée ?
Albert Goullé estimait que "la reprise individuelle" ( la formule fit flores) n'était pas une solution acceptable. Les anarchistes ont débattu sans fin sur ce thème. Vint alors Ravachol !