"C'est le peuple qui ordonne vous apprécierez la nuance" poursuivit Louis Grandclerc à l'attention de Balthazar, lequel en était à son quatrième verre de Duhomard ( la boisson de Thouars qui n'a pas de drapeau mais a son apéro).
"Le peuple ! le peuple ! pas le parti !"
"Ah ... d'accord. Je nous resserre un p'tit Duho Loulou?" ( Un peu bourré, et donc plus enclin à la familiarité, Balthazar disait Duho après une certaine dose... pas vous ?)
" Bien que les sujets de discorde étaient nombreux, les anarchistes cohabitèrent avec les socialistes marxistes jusqu'en 1872. Tous aimaient la 1ère internationale fondée en 1866. Emile Faquet, bon bourgeois, écrivait en toute lucidité et parfaite honnêteté " l'anarchie c'est l'homme rendu à lui-même, à ses instincts naturels de sociabilité spontanée et arraché à la sociabilité imposée autoritaire et despotique, à la sociabilité extérieure que gouvernement et lois lui imposent.
"Pourtant Emile Faquet n'était pas anarchiste, loin de là, mais il avait perçu chez eux ce sentiment de pureté qui reste vif encore aujourd'hui.
"Revenons en 1872, au congrès qui se tenait à La Haye, la rupture avec Marx fut consommée. Marx accusé de tendance à la dictature fit expulser Bakounine, grande figure de l'anarchie. Pour faire simple disons que les communistes (qui ont piqué bien des choses aux anarchistes) pensent que le peuple doit effectivement gouverner, mais seulement après avoir été guidé par un gouvernement. Et l'histoire a montré que les communistes jugent que le peuple n'est jamais prêt... Cette fracture n'a jamais été guérie : des soviets exterminés par les bolcheviks, du soulèvement de Kronstadt qui proclamait « Tout le pouvoir aux soviets, pas aux partis » sévèrement réprimé, de Makhno ( anarchiste ukrainien) éliminé par Trotski aux anarchistes de la guerre d'Espagne écrasés par les staliniens, le fossé s'est agrandi considérablement. Anars et cocos sont désormais frères ennemis.
Dans l'international les communistes ont supprimé le 5e couplet Les Rois nous saoulaient de fumées. Paix entre nous, guerre aux tyrans ! Appliquons la grève aux armées, Crosse en l’air et rompons les rangs ! S’ils s’obstinent, ces cannibales, A faire de nous des héros, Ils sauront bientôt que nos balles Sont pour nos propres généraux.